Mon amie Hélène ne se considère pas créative. Pourtant, elle peut préparer une recette en substituant la majorité des ingrédients et elle obtient des résultats surprenants et délicieux. Est-elle créative ?
En fait la créativité est plus un verbe, qu’un nom. C’est un processus (des actions) qui se décline en plusieurs étapes et est applicable dans différentes disciplines, comme la cuisine et les présentations.
C’est en lisant un article de Jared Cooney Horvath, neuroscientifique, que j’ai voulu creuser un peu plus loin et comprendre les mécanismes qui nous permettent d’activer ces processus.
Je me permet de le remercier pour sa permission de résumer son article en français, avec mes ajouts et commentaires.
Qu’est-ce que la créativité ?
C’est une activité qui est accessible à tous et que tout le monde peut pratiquer. M. Horvath la compare au jeu Tangram ou il s’agit de combiner et réorganiser plusieurs formes pour en former une nouvelle. À partir de là, considérez tout le contenu de votre mémoire (vos souvenirs, expériences) comme des formes qu'on peut assembler et réorganiser selon nos besoins.
Dr. Andrew Huberman affirme aussi dans son balado, “The science of creativity & How to Enhance Creative Innovation” que la créativité doit surprendre (WOW), apporter de la nouveauté tout en étant utile. Ce balado explique toute les composantes impliquées dans notre cerveau liées à la créativité, très intéressant si vous voulez aller plus loin.
Donc en gros, la créativité c'est réorganiser et combiner des connaissances pour trouver des solutions.
On peut être créatif pour trouver des solutions à un problème, imaginer de nouveaux produits ou services, créer des chansons, des livres, bref on est tous créatifs à différents niveaux.
Est-ce que la créativité diminue avec l'âge ?
On a tendance à croire que la créativité diminue avec l’âge mais selon Horvath, c’est un mythe (fiou ça me rassure!).
Il mentionne dans son article les travaux du chercheur en créativité James Kaufman qui sépare la créativité en trois types :
« Créativité en petit c, qui ne requiert que de la nouveauté personnelle : les connaissances sont réarrangées pour développer des idées inédites pour le penseur. Par exemple, un enfant ajoutant des ailes à un T. rex. »
« La créativité du Big-C , qui requiert de la nouveauté personnelle, mais aussi de l'utilité et de la validité : les connaissances sont réarrangées pour développer des idées inédites pour le penseur qui remplissent une fonction claire et sont légitimement efficaces. Par exemple, mélanger des épices dans le placard pour développer un nouvel assaisonnement savoureux. »
« Créativité expert-c , qui exige une nouveauté, une utilité et une validité universelles : les connaissances sont réorganisées pour développer des idées inédites, utiles et efficaces pour tous les membres de la population mondiale. Un exemple serait Einstein systématisant le concept de relativité. » -Traduction libre de google
Donc les enfants sont plus originaux, mais ils développent des idées qui ne sont pas nécessairement utiles ou valides. Ils sont plutôt dans la catégorie en petit c. Alors que les adultes vont imaginer des idées qui seront plus significatives, utiles et fonctionnelles. La créativité chez l’adulte évolue aux rythme et à l'accumulation de connaissances.
Est-ce que la créativité est innée ?
Malgré que, certaines personnes semblent plus habiles à utiliser la pensée divergente (qu’on va voir dans quelques instants), la créativité émerge du même processus pour tous les individus.
1) On détermine le problème à solutionner, par exemple
Comment transmettre aux infirmières les informations nécessaires à la production d’une présentation dynamique et mémorable ?
Comment éviter la solitude chez les entrepreneurs solo
Comment encourager la population à adopter de saines habitudes de vies ?
2) Entre en mode pensée focalisée (mode concentré)
On recherche dans notre banque de connaissances, ce qui pourraient être pertinent pour trouver une solution
C’est important de protéger ces moments de forte concentration en éliminant toutes notifications qui pourraient vous distraire. Selon Nir Eyal, auteur du livre « Imperturbable » le meilleur moyen pour éviter l’impulsivité de toujours surveiller son portable, est d’anticiper ces éléments perturbateurs et établir un plan en conséquence.
Autrement dit, laissez votre cellulaire dans une autre pièce et fermer les notifications sur votre ordinateur. Je l'ai essayé et ça marche vraiment ! Juste le fait de ne pas voir son cellulaire diminue notre propension à toujours vouloir le consulter.
C’est durant cette période de concentration que l’on peut initier une séance de remue-méninge. Jeremy Utley dans son livre « IDEAFLOW » mentionne que 3 personnes sont suffisantes pour un remue-méninge efficace (maximum de 6 personnes). Chaque personne doit avoir l’expérience et l’expertise nécessaire mais ils n’ont pas besoin de tous provenir du même département. (C'est même mieux !)
Générer plusieurs idées est essentiel et dans un large spectre.
Allez-y de façon analogue, sur un grand mur si possible. Je dis souvent de sortir les post-it et d’écrire toutes les idées possibles qui nous viennent en tête, en se posant la question: "Comment on pourrait..."
Quand on a l’impression qu’on a épuisé notre banque d’idées, c’est souvent à ce moment-là que les idées géniales commencent à émerger. Selon une recherche du professeur en psychologie, Dean Keith Simonton (mentionnée par Utley dans son livre)
Ce qui sépare les gagnants, est le volume d’idées -Dean Keith Simonton Traduction libre.
Plus on génère des idées plus on a des chances d’avoir du succès avec l’une d’entre elles.
3) Mode diffus ou mode par défaut
Après un certain temps, on a parfois l’impression de frapper un mur…notre cerveau à besoin de s’éloigner du problème. Ça ne sert à rien de persister. Il faut passer en mode diffus, ou mode par défaut du cerveau. Concrètement ça veut dire, prendre une pause, une sieste, marcher, prendre un bain, faire la vaisselle, bref, faire quelque chose qui ne demande pas une concentration intense. On tombe en mode automatique. Parfois ça peut être tout simplement tomber dans la lune !
4) Retour en mode concentré
Après cette période en mode diffus, on revient vers notre problème avec de nouvelles connaissances, associations, expériences antérieures qui ont fait leur chemin vers le niveau conscient et qui nous aidera à trouver des solutions créatives.
La créativité navigue entre ces deux modes concentré et diffus pour arriver à rechercher des modèles similaires qui peuvent s’appliquer au problème.
Donc comme la créativité est un processus pour réorganiser et combiner des faits, plus on a des connaissances, plus nous avons accès à une multitude d’options. D’où l’importance de toujours apprendre et se perfectionner dans quelques domaines que ce soient.
La créativité demande du temps.
Je me souviens avoir lu dans un livre de Nancy Duarte, spécialiste des présentations multimédias, de ne pas s’accrocher à notre première idée, de laisser le temps aux différentes idées de mariner, d’incuber. Comme dit Dr. Victoria Powell, écrivaine sur l’art moderne et contemporain dans son article "The Art of Distraction. Creativity, memory and our relationship… | by Dr Victoria Powell | Jun, 2023 | Medium"
"Ideas needs time to sit"
N’attendez pas à la dernière minute pour préparer vos présentations. Si vous n’avez pas de temps pour revoir vos présentations, il faut vous attendre aux mêmes résultats. Actuellement, dans notre système de santé, il faut repenser nos modèles de communication, de présentation et se donner le temps d’y réfléchir et être plus créatif.
La créativité est-elle risquée ?
Bien sûr que oui !
Jeremy Utley mentionne que chaque nouvelle idée représente un risque.
Un risque d’échouer.
Il faut s’y attendre.
L’innovation et la créativité demande beaucoup d’itérations, de tests et de feedback, avant d’arriver à une solution. Une organisation qui se dit innovante doit être en mesure d’accepter ses échecs qui font partie du processus de créativité. Comme on dit souvent, les bottines doivent suivre les babines.
« La créativité n’est jamais parfaite : Elle nécessite des échecs et des itérations importantes » -Jared Horvath
Il faut tester avec des gens en qui on a confiance et qui n’auront pas peur de nous donner du feedback constructif
En conclusion Jared Horvath nous rappelle que la créativité émerge de trois composantes essentiels qui s'appliquent aussi dans la création de vos présentations orales, soient :
La connaissance
Le temps
Les itérations et échecs
Donc on a tous la possibilité d'être créatif.
Cet article est le premier épisode d’une série de deux sur la créativité, il y a tellement à dire !
Dans deux semaines j’aborderai les outils pour faciliter l’accès à la créativité, ainsi que les conditions gagnantes d’un remue-méninge efficace.
Comment devenir plus créatif !
Serez-vous là ? Je l’espère bien 😉.
En passant les recettes de mon amie Hélène sont toujours délicieuses !!!
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Johanne
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